Paul de Brancion
Nationality: 154
Email: saul@brancion.net
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Paul de Brancion
Paul de Brancion a enseigné la philologie romane et la littérature. Rédacteur en chef de la revue Sarrazine, auteur de plusieurs romans, dont : L’enfant de Cederfeld, (Albin Michel, 1991), Le château des étoiles (Phébus, 2005) et d’ouvrages de poésie : Vent contraire (Dumerchez, 2003), Le Marcheur de l'oubli (Lanskine, 2006), Tu-rare (Lanskine, 2008), Ma Mor est morte (Bruno Doucey, 2011) et Qui s’oppose à l’Angkar est un cadavre (Lanskine, 2013
ENFER-MAIS TOUT BAS*
1
tu es là sur le Bund
les eaux s’agitent
d’où vient ce souffle
parmi les barques et le sable dilué ?
le bleu du fleuve gris
sale mais vivant
sur les anciennes berges
les maisons de pêcheurs ont été rasées
pas de concession au passé
un très gros cargo-péniche chargé de charbon jusqu’à ras-bord
des bateaux font la queue
à l’ infini
les tours de Pudong (浦东新区)
immenses et hautes
se perdent dans la brume et la pluie
un immeuble tout noir
tangue en chinois
ce n’est pas une surprise majeure
il pleut dans les néons rouges et jaunes
une cité s’organise
pour le cycle de peur et d’argent
difficile de lire
ce jouir traversé de nuages de fer
2
tout bas
dans sa cellule Mallarmé
a continué
à parler
dans sa cellule Mallarmé
a continué à parler
dans sa cellule
parler dans sa cellule
Mallarmé a continué
tout bas
enfer-mais
Paul de Brancion
* ( tiré de XIA, (下 ) en cours d’écriture)
esperLUeTTE*
Oublions un moment nos semblables
.
l’autre qui n’est pas moi
s’éloigne comme
étranger
alter ego
hors les mots
à quoi s’arc-bouter
ou simplement se raccrocher ?
les temps changent
la faculté de raisonner
aussi
solitude
au milieu des étendues
virtuelles
unis dans la chute
diminuer les surfaces
d’effarement
la raison suffisante est devenue
obsolète
désuète
esperluette
insultante même
les couteaux sont rangés
battent les flancs
comme on joue du tambour
l’été
sous les étoiles
souvent
on s’égosille
s’arc-boute
s’évertue
bavardages
il n’y a personne
Paul de Brancion
(*Extrait d’ esperLUeTTE, travail en cours)
3 on the Bund
1
le fiel
en haut des skyscrapers gratte-ciel du Bund*
la vue est suspendue
avant
juste avant le crépuscule et l’ombre
la cloche égrenne les heures
Big ben asiatique
de très belles filles
font le siège
de tous ceux qui passent
ce soir carnaval de la nuit à Shanghaï
elles sont sapées comme des reines
rient en se couvrant la bouche
avec leurs mains
le drapeau rouge aux étoiles
claque dans le vent capital
l’eau est verte plus bas
les grands immeubles de Pudong* perdus
noyés dans le brouillard acide
*Le Bund (terme anglo-ourdou signifiant « rive boueuse »)1 est appelé waitan - 外灘 - par les Chinois signifiant « la berge des étrangers »Boulevard de la ville de Shanghai en Chine, il est jalonné de somptueux édifices de style européen et de banques ou de compagnies coloniales des années
*Pudong, ou plus officiellement le nouveau district de Pudong (浦东新区 ; pinyin : Pǔdōng Xīn Qū), est un district de la municipalité de Shanghai
2
le jaloux
a frappé la fille
sa copine
d’un uppercut
en plein visage
son nez saigne
ça pisse le blood
« t’approche pas d’elle ! »
il tombe sur l’autre
le roue de coups
lui casse sa petite gueule
de « pédé » dragueur
on cherche à les séparer
la police arrive
on s’évapore
prend la tangente
poison de l’amour
une histoire de tromperie
3
les Chinois de l’Empire sont au bord du gouffre
le fleuve est obstrué
des centaines de bateaux utiles
chargés à ras bord transportant
charriant
cargaisons et flottements
d’une rive à l’autre
jusqu’au port
et plus loin vers le monde
au-delà des étangs
marécage
l’air au-dessus de nous ce matin
est jaune
les yeux piquent
ce serait dommage de mourir asphyxié
Cuando tú llegaste a mi vida
no sabía lo maravilloso
de tus buenos sentimientos.
Admirabas algunas de mis cualidades ,
y yo te explicaba todo que deseabas.
Recorrimos de la mano ciudades
nuevas, llenas de sorpresas,
y el encanto de nuestro amor
convertía todo en un mundo mejor.
Aquel mediodía en el campo
nos eligieron como la mejor pareja,
porque el amor brotaba a flor de piel.
Nuestras miradas demostraban
que nos amamos demasiado.
Sentí que tus abrazos
me protegían del mundo exterior,
y continúo pensando
que me ofreciste lo mejor.