La vie nous sépare de ceux que l’on aime. Et moi si je pouvais arrêter tout cela ! Quand mes pensées s’arrêtent sur mes fantômes, Que ces absences à mon corps et à mon âme sont douloureuses ! Ecrire devient alors ma seule consolation même si je sais que ce n’est qu’une narcose éphémère. Liens ineffaçables de mon cœur à jamais blessé par le manque d’une personne familière. Dans ma mémoire ces déchirures de l’éloignement et de la mort sont à la fois abîmes profonds et crêtes lumineuses. Je sais que malgré tout le mal qu’elles m’apportent, je les garde jalousement. Elles sont à la fois ma force vitale et mes faiblesses. Elles guident mes pas. Je fais danser mes fantômes dans mes rêves les plus fous. Les blessures ne s’estompent pas mais je sens qu’elles me grandissent, m’irradient, m’embellissent. Elles se parent de mille desseins pour l’avenir. Elles forment alors la substance même de ma destinée. Le temps s’écoule mais je veux conserver toutes les émotions et sensations passées. Ces absences présentes à ma mémoire deviennent alors des trésors, des complices de tous les jours : la vraie richesse. La mort n’existe plus si la mémoire reste.
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Impatiences meurtries
Et alors ? Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Le rien du moment m’exaspère A n’en plus savoir que faire A n’en plus savoir le taire Naissance étouffée de l’excès J’aurais voulu glisser sans jamais m’arrêter Crier pour m’arracher Voler Déchirer le voile de vos raisons Les limites délétères de vos prisons Les yeux calme dans la tourmente Fractale évanescente Les larmes viennent ardentes et violentes Je pleure mes belles impatiences Meurtries au cœur de leurs tremblances Dans le lit des rivières elles s’évaporent Sublimes et gémissantes Je vous rage et m’indispose Je retourne dans mon cocon, mon mien Ma coquille odorante Tissée de flammes et de vanille D’air et de miel D’eau et de fiel Ma coquille odorante De mouvement et de bruit De rires et de replis Je vous nargue et m’indiffère Je ne passe pas Je crève le soleil Inertie, léthargie La vie cogne A n’en plus savoir que faire A n’en plus savoir le taire.
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Traces
Je poursuis Dans la ville L’invisible, l’arabesque Le plein, le vide, le fil
La ville s’embarque De cloche-pied à flaques
Je jette Dans les miroirs Les dés, l’idée, les fées
La ville en ricochets s’incline à nos reflets
Je devine Dans l’échancrure Le deux, le feu, l’histoire
La ville m’embrasse Je suis la trace
De serments en sentiments Dans l’invisible Je garde les dés-clés de nos regards Pour ne plus rien donner au hasard.
Vide et illusion
Rien de directement palpable Si ce n’est l’appréhension de ce palpable La fine compréhension Qui à cette fraction de seconde cristallise La finitude, l’objet et le contour des formes Dire et redire Inlassablement pour que le rien n’échappe et devienne Lâcher les images Retenir et aimer alors les sentiments qui viennent Illusions béates que cette tragédie humaine livrée à l’errance Dans cette profusion iconique Comment faire confiance A cet être si fragile Inconstant et futile ? Comment le mettre en garde Et qu’il se reconnaisse ? Fétu de paille Impétueux et gracile Seul et misérable Je ne peux me comprendre que si je me regarde et me tourne Long travail du poète qui défile Chaque linéament du tissu des pensées La distance marque ce qui constitue Ta substance La substantifique moelle Accepte sans détours l’illusion Et les rêves dont tu construis ta vie Tout prendra alors couleur de vérité Armé de lumière contre l’adversité Tout ce qui constitue tes désirs seront ta réalité
Biographie:
Née en 1960, une enfance heureuse entourée de nombreux amis, à Saint Gratien en région parisienne. Métissage entre un père aveyronnais et une mère française d’origine italienne.
Sa carrière est à l’image de cette pluralité puisque sa destinée l’amène dès le collège à s’ouvrir à de multiples disciplines : la danse, le sport, le théâtre, la lecture des oeuvres littéraires, l’écriture.
Elle fait ses études à l’école publique puis au lycée pilote d’Enghien et enfin à l’Ecole Normale de Chartres. Elle se marie, a trois enfants, enseigne et obtient en parallèle une maîtrise de français langue étrangère pour se spécialiser dans l’apprentissage du français pour les étrangers. Le langage peut devenir un outil de pouvoir. Lire c’est s’ouvrir au monde et Vivre. C’est ainsi qu’il lui semble primordial de se mobiliser contre l’illettrisme. Si l’enseignement est une vocation, sa passion secrète est l’écriture.
Son premier livre, en 1990, est un recueil de poésies : Un peu d’amour avant la fin , florilège où elle rassemble des poèmes écrits depuis l’enfance, puis Prends soin de tes rêves qu’elle écrit en 1993 mais qu’elle ne publiera qu’en 2005, la fissure en 1999, livre co-écrit avec une amie chère, Véronique Deroy et édité en juin 2000 par les Editions Lettres du Monde. Et Mage, Magie, Image recueil de photos [ Emmanuel AUGUSTINE ] et poèmes, en 2000. Ses livres traitent de solitude et de quête de tendresse dans un monde souvent hostile.
Elle fonde en 2002 l’ association « l’Echappeebelle » regroupant des amis artistes de tous bordsdans le but de créer une synergie d’entraide et de stimulation créative.
Des questions omniprésentes se retrouvent en filigrane dans tous ses livres « Est-il décent d’accepter les injustices? Y-a-t-il encore dans cette Histoire qui se répète l’espoir d’actions réparatrices » Pour l’Homme perdu dans l’univers, la solution est sans conteste l’Amour, l’ultime vérité contre les Guerres, l’ignorance, les fanatismes et l’intolérance.